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Alimentation : la Commission européenne veut transformer champs et assiettes

Alimentation : la Commission européenne veut transformer champs et assiettes

Alimentation : la Commission européenne veut transformer champs et assiettes

Réduire de moitié l’usage des pesticides et des antibiotiques, tripler les surfaces cultivées en bio… La Commission européenne a récemment révélé ses ambitions pour une agriculture plus respectueuse de l’environnement et une alimentation plus saine. Non sans faire grincer des dents…

Le 20 mai dernier, la Commission européenne a présenté sa très attendue stratégie « De la ferme à la fourchette », son plan d’action en faveur d’une agriculture et d’une alimentation plus durables. Et il faut reconnaître que ses objectifs sont plutôt ambitieux.

Alimentation La Commission européenne veut transformer champs et assiettes

MOINS DE PESTICIDES, PLUS DE BIO

Dans les champs, la Commission vise en particulier, d’ici à 2030, une réduction de moitié de l’utilisation des pesticides et des risques écologiques associés à leur usage, une réduction d’au moins 20 % de l’usage d’engrais et un passage à au moins 25 % de surfaces cultivées en bio (contre 7,5 % en 2018).

La Commission européenne affirme de plus dans sa feuille de route « biodiversité 2030 », présentée concomitamment, la nécessité qu’au moins 10 % de la surface agricole soit consacrée à rendre des services écologiques (jachères, haies, arbres, mares…).

GESTION DURABLE DE LA PÊCHE ET AMÉLIORATION DU BIEN-ÊTRE ANIMAL

Mais ses ambitions ne s’arrêtent pas aux champs. Concernant l’élevage, elle projette notamment d’améliorer les conditions de transport et d’abattage des animaux et de réduire de moitié l’usage d’antibiotiques ; concernant la pêche, elle appelle en particulier à une gestion plus durable des stocks de poissons et à la protection de 30 % des aires marines, et dans les magasins, à des emballages plus écologiques et plus sûrs, ainsi qu’à des recettes plus équilibrées.

Pour réussir, la Commission compte sur une meilleure information des consommateurs, et propose donc un étiquetage nutritionnel simplifié rendu obligatoire à l’avant des paquets d’ici à la fin 2022, mais aussi le développement d’un étiquetage tenant compte d’autres critères (origine, durabilité sociale et environnementale, bien-être animal) et un encadrement plus strict des labels et des allégations des fabricants.

LES SYNDICATS AGRICOLES S’INSURGENT

L’Institution répond ainsi à plusieurs appels de l’UFC-Que Choisir. Mais cette feuille de route n’est qu’une première étape, et de nombreux obstacles à la concrétisation de ces engagements persistent.

Les réactions d’opposition de la part de plusieurs syndicats agricoles n’ont d’ailleurs pas tardé : la FNSEA (premier syndicat agricole français) et DBV (son homologue allemand) dénoncent « une approche peu réaliste et arbitraire concernant certains objectifs », la CEPM (Confédération européenne de la production de maïs) regrette une orientation « sur la voie de la décroissance » et plusieurs organisations de producteurs de grandes cultures jugent tout bonnement le projet « inacceptable ».

Au-delà des oppositions, la commission elle-même ne se donne pas toujours les moyens de parvenir à ses fins. Certes, elle envisage des contraintes réglementaires et des incitations financières pour atteindre certains de ses objectifs, mais pour d’autres, l’Institution compte encore sur la seule bonne volonté des acteurs économiques. C’est notamment le cas en ce qui concerne la moralisation du marketing alimentaire à destination des enfants, pour laquelle preuve a pourtant été faite de l’incapacité des industriels à s’autoréguler. Si ces annonces sont une relativement bonne nouvelle, la partie est donc bien loin d’être gagnée.

Elsa Abdoun