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Médicaments : les médecins désinformés sur les opioïdes

Médicaments : les médecins désinformés sur les opioïdes

Médicaments : les médecins désinformés sur les opioïdes

Les médicaments dérivés de l’opium, dits opioïdes, sont largement prescrits en France. Ces médicaments ne sont pas sans risque. Pourtant, une promotion active en leur faveur est réalisée par les laboratoires pharmaceutiques auprès des médecins.

Pour promouvoir leurs médicaments, les laboratoires pharmaceutiques peuvent employer des visiteurs médicaux. Ces commerciaux se déplacent directement au cabinet du médecin. En France, la nature de cette visite est encadrée par la Haute Autorité de santé. Mais que s’y dit-il vraiment ? Pour répondre à cette question, une équipe canadienne a comparé le contenu des visites faisant la promotion de médicaments opioïdes (fentanyl, codéine, tramadol, etc.) aux États-Unis, au Canada et en France (1).

Une cinquantaine de médecins ont été interrogés sur leurs échanges avec des visiteurs médicaux. Ces derniers insistent souvent sur les effets bénéfiques de ces antidouleurs tandis que la moitié des rendez-vous s’achève sans que leurs effets secondaires, sévères ou légers, aient été mentionnés. Si notre pays s’est mieux protégé des abus, il ne fait pas figure de bon élève pour autant. Selon l’étude, en France, le fentanyl (Actiq, Durogesic) est décrit comme « sans danger », ce qui est faux, et « adapté à la douleur à plusieurs égards ». La codéine, elle, serait « infiniment mieux tolérée que le tramadol ». L’affirmation est là aussi fantaisiste. Certains visiteurs n’hésitent pas à la dépeindre comme un bon substitut au dextropropoxyphène (Di-Antalvic), retiré du marché en 2011.

L’information délivrée au cours de cette visite médicale met trop souvent de côté le risque de dépendance associé à ces produits. Il est pourtant à l’origine de milliers de décès aux États-Unis et au Canada. Ce discours biaisé et commercial fait pourtant illusion. 59 % des médecins interrogés le jugent de qualité. 45 % affirment même qu’après la visite, ils ont plus de chances de prescrire le médicament qu’avant. C’est pourquoi certains organismes incitent les médecins à refuser ces visites et à se former par des voies indépendantes de l’industrie pharmaceutique.

(1) “The “Nuts and Bolts” of Opioid Marketing: Promotional Messages to Family Doctors in Sacramento, Vancouver, Montreal, and Toulouse”, Journal of General Internal Medicine, 10/02/2020.

Audrey Vaugrente