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Agriculture, Alimentation

Bien-être animal : des avancées mais pas encore d’étiquetage

Bien-être animal : des avancées mais pas encore d’étiquetage

Bien-être animal : des avancées mais pas encore d’étiquetage

La castration à vif des porcelets et le broyage des poussins seront interdits fin 2021. En revanche, c’est le grand flou sur l’information aux consommateurs : un étiquetage sur le mode d’élevage devrait être étudié au niveau européen, sans échéance précise. Pas de réponse non plus sur le financement de ces mesures.

Bien-être animal Des avancées mais pas encore d’étiquetage

Ces mesures étaient promises depuis des mois, mais sans cesse reportées. Le 28 janvier 2020, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a finalement annoncé deux dispositions hautement symboliques sur les pratiques les plus controversées en élevage : la fin de la castration à vif des porcelets et du broyage des poussins mâles d’ici fin 2021. Des arrêtés seront pris prochainement.

D’ici là, les filières devront trouver des alternatives économiquement viables. Si les porcelets mâles sont castrés, c’est pour éviter que la viande dégage une mauvaise odeur à la cuisson, due à la présence de deux hormones chez les mâles dits entiers, c’est-à-dire non castrés. Plusieurs pistes existent :

  • L’élevage de mâles entiers (qui contraint les abatteurs à repérer les carcasses odorantes à l’aide d’un « nez » humain) ;
  • l’anesthésie des porcelets lors de la castration suivie d’une analgésie pour diminuer la douleur post-opératoire (qui doivent aujourd’hui être obligatoirement réalisées par un vétérinaire) ;
  • ou encore l’immunocastration des mâles grâce à un vaccin.

Mais les deux premières coûtent cher et la troisième inquiète depuis longtemps. Le ministre n’a pas fourni de réponses sur l’impact financier et l’éventuelle hausse de prix qui en découlera pour le consommateur.

Quant aux poussins mâles, même engraissés, ils ne deviennent pas des poulets bien dodus, mais restent maigrichons et sont donc invendables. La filière planche donc sur le sexage des poussins dans l’œuf afin de les écarter avant éclosion, mais la technique n’est pas encore applicable à grande échelle malgré des financements publics conséquents (4,3 millions d’euros alloués en 2017). L’interdiction du broyage « a été actée simultanément en France et en Allemagne », précise le ministre, et un consortium franco-allemand a été créé pour avancer sur le sexage in ovo.

Didier Guillaume a également annoncé d’autres mesures, mais elles sont encore pour le moins floues ! Ainsi un futur décret devrait « interdire toute pratique douloureuse en élevage », mais le ministère reconnaît « qu’il n’y a encore rien dedans ». De même, sur un futur « étiquetage du mode d’élevage sur l’ensemble des produits », la France compte porter la réflexion au niveau européen afin d’éviter les distorsions de concurrence entre États membres. Une « expérimentation » devrait démarrer l’an prochain, pour une durée de deux ans. Sur quelles bases ? Rien n’est défini. Enfin, un appel d’offres a été lancé pour une expérimentation sur la vidéosurveillance en abattoir, sans dates précises. Bref, on reste sur sa faim… Mais peut-être le ministre souhaitait-il montrer son volontarisme sur ce débat de société ?

Les associations de protection des animaux ont immédiatement réagi. Si elles se félicitent des annonces sur la castration des porcelets et le broyage des poussins, elles critiquent le flou des autres mesures. Le CIWF (une ONG pour un élevage durable) déplore « l’oubli total des cages » et « l’absence de mesures d’accompagnement » des éleveurs. Welfarm (une autre ONG qui lutte pour la protection des animaux de ferme) continue de réclamer « l’arrêt pur et simple de la castration » et attend que les annonces soient suivies de textes réglementaires.

LES ANIMAUX DE COMPAGNIE AUSSI CONCERNÉS

Face à l’abandon « inacceptable de plus de 100 000 chiens et chats par an », le ministre a annoncé des mesures concernant les animaux de compagnie. Ainsi, la vente « dans les coffres des voitures » sera interdite dès le premier semestre 2020 afin de « lutter contre les achats impulsifs », et l’absence d’identification de son chat sera passible de sanctions (contravention de 135 €). Par ailleurs, une mission de 6 mois est confiée au député LREM Loïc Dombreval pour « proposer d’autres mesures de lutte contre l’abandon d’animaux de compagnie et pour assurer leur bientraitance ».

Elsa Casalegno